













Dessins encre de chine feuille A4 90gr
Les racines de mon travail se construisent sur la base de croquis sur le vif. Dessiner des gens dans des espaces publiques implique une position d’observateur mouvante et dynaminque, une exécution directe et rapide.
Un «regard» kinésthésique se développe pour permettre une connection subtile au mouvement d’un individu dans une foule.
J’observe comment des corps construisent l’espace et génère un flux, s’y inscrivent et s’en détachent, en unité ou en masse.
Je cherche aussi ce qui reste de l’individu dans la masse, avant qu’il ne s’y noie.
D’autre part, la pratique de la danse et les arts martiaux ont transformé mon dessin en le fluidifiant et en l’ouvrant. Traversé par un mouvement plus intérieur, mon trait s’est simplifié et précisé. Désormais, j’associe mes dessins de corps à des expériences de corps.
“«Car il n’est point de regard qui n’attende une réponse de l’être auquel il s’adresse. Que cette attente soit comblée (par une pensée, par un effort volontaire d’attention, tout aussi bien que par un regard au sens strict du terme), l’expérience de l’aura connaît alors sa plénitude, (…) L’expérience de l’aura repose donc sur le transfert, au niveau des rapports entre l’inanimé -ou la nature- et l’homme, d’une forme de réaction courante dans la société humaine. Dès qu’on est -ou qu’on se croit- regardé, on lève les yeux. Sentir l’aura d’une chose, c’est lui conférer le pouvoir de lever les yeux. Les trouvailles de la mémoire involontaire correspondent à un tel pouvoir. (Elles ne se produisent d’ailleurs qu’une seule fois ; elles échappent au souvenir qui prétend les assimiler ; ainsi elles confirment une conception de l’aura qui voit en elle “l’unique apparition d’une réalité lointaine”. Cette définition a le mérite d’éclairer le caractère culturel de l’aura. Le lointain par essence est l’inapprochable ; pour l’image qui sert au culte, il est en effet, capital qu’on ne puisse l’approcher.)»’’
W. Benjamin, Sur quelques thèmes baudelairiens (1939)”
(in Devant le temps, Georges Didi-Huberman)